Quand j’ai décidé d’écrire une chronique sur les Staff Benda Billili, je me suis demandé quel genre d’effet cela ferait. Parce que ces musiciens là, leur histoire, leur culture et tout le chemin qu’ils ont parcouru, leurs valeurs et les causes qu’ils défendent, toutes ces choses feraient baisser humblement les têtes les plus égocentriques.
Originaire du KINSHASA, République démocratique du Congo (RDC), le « Staff Benda Billili » c’est d’abord Ricky Likabu, quatre autres chanteurs/guitaristes et un « ambianceur ». Le tout entouré d’un décor musical impressionnant et constitué principalement d’instrument bricolés maison. Pour compléter cette compagnie, on notera la présence poignante et prodigieuse de Roger Landu et son luth électrique à une corde qu’il a inventé et construit lui-même à partir d’une boîte à conserve.
Mais « Staff Benda Billili« , c’est aussi une compagnie composée uniquement de personnes handicapées atteints de poliomyélite dans leur jeunesse. Leur musique, mélange de Rumba, rythm’nblues, folk, rock et funk fait souvent penser à un orchestre qui leur assure d’ailleurs un style et une atmosphère unique à cette société.
L’histoire de « Staff Benda Billili » commence en 2005 avec un premier titre « Allons voter » qu’ils auraient crée à l’occasion des premières élections démocratiques. A l’époque, le groupe se produisait et vivait principalement dans la rue.
En 2009 par l’intérmédiaire des cinéastes Florent de la Tullaye et Renaud Barret, « Staff Benda Billili » rencontre la maison de disque indépendante « Crammed Discs » et son ingénieur-réalisateur musical Vincent Kenis. Très vite conquis,ces derniers signent le premier album « Très très fort » de la bande congolaise qu’ils enregistrent en plein air.
En avril 2009, le disque sort et le succès est immédiat. Le groupe reçoit de nombreux prix dont le très célèbre Womex Award 2009.
Il faut avouer que de prime abords, on pourrait avoir du mal à les prendre au sérieux ces gars de chez « Staff Benda Billili« . Ou alors comme tout bon européen, pris de pitié ou se reprochant un cas de conscience, on leur achèterait tous les disques qu’ils produiraient.
Sauf que Ricky y voit plus que ça ; Partir, rejoindre notre Eldorado et vaincre le handicap. Et il n’y a qu’à écouter ce qu’il fait avec sa troupe de vélocipède pour s’en convaincre.
Ce qui épate avant tout, c’est de sentir tout ce bonheur, cette joie et toutes ces couleurs qui se dégagent de leur musique. Il suffit de prendre sa voiture, rejoindre un des nombreux festivals qui s’arrachent ce groupe et les voir chanter, danser et vivre sur scène. Ces gars là envoient balader la polio, le handicap et leur sourit même à la face.
Et il n’y rien de plus fort je crois en ce monde que de voir le « Staff Benda Billili » danser sur leur béquille, faire valser leur fauteuils roulants, s’agiter, balancer, twister avec leur bras et leur jambe, ou ce qu’il en reste.
Et quand au milieu de ce spectacle puissant de ce décor surnaturelle et de cette scène impressionnante, il y a un Roger qui se roule par terre en transe et comme possédé avec sa boite de conserve à une corde, on en reste sans mot.
Lorsque l’Afrique fascine, c’est souvent dans le mauvais sens. On pourrait presque y accrocher sur son drapeau les mots « aide et compassion ». Mais je crois que l’idée qu’on devrait garder de ce pays, c’est surtout la reconnaissance d’un pays riche qui aurait beaucoup à nous donner. Et s’il existe une thérapie contre la misère et tous les maux qui l’accompagne, je crois bien que les gars de « Staff Benda Billili » l’ont trouvé. Souhaitons qu’ils prodiguent pendant longtemps encore leur philosophie de vie.
Sortie: avril 2010
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